Shadoko [Bathyscaphe]

Bienvenue. Oui, bienvenue à toi, quidam inconnu, ou presque, qui vient poser tes yeux sur mes mots à peine sortis du four de mon imaginaire débridé pour s'étaler ici sur la platitude sanguine d'un écran plasma entre deux jus de plaquettes de freins hydroliques, à géométrie variable, de préférence.

Au quidam, bienvenue, donc.

Avant de commencer, il me semble utile de mettre au point la chose suivante, afin qu'elle restât gravée en lettres d'or au fin fond de l'esprit du quidam susdit, désireux de s'aventurer au fil des lignes qui peuplent ce topic à l'intitulé somme toute aussi mystérieux que son instigateur, tel que celui-ci s'imagine, en tout cas, cette chose, la voici sans plus attendre :

Ceci est un topic de flood.

Flood, certes, mais point redite pour autant du topic pas très éponyme qui y est consacré au sein du milieu autorisé des forums secondaires de première, foin du court-bouillon du potage quotidien qu'on y dépeint à toutes les sauces d'ordinaire en vente partout pour pas un rond, fi des brèves de comptoir, des éphémères rodomontades et des élucubrations précoces qu'on s'arrose entre deux tranches de jus de morue épicées d'une cuisse de pizza au calvados, ne me demandez pas la recette.

Car de flood expérimental il s'agira.

Me voilà donc ici endossant la blouse du professeur Shadoko afin de me lancer dans l'aventure du recyclage scriptural, afin de faire, métaphoriquement, tout à partir de rien, ou sinon du moins beaucoup avec pas grand chose. M'emparer de l'insignifiant en apparence, le remodeler corps et âme, le façonner sous toutes les coutures pour finalement l'ériger tel un roc, un pic, un cap, que dis-je, une péninsule qui de la terre aurait ses fondation alors que son pinacle créverait le ciel à en faire pleuvoir les torrents du fond desquels le monde du silence éclate en un vacarme assourdissant.

Donc, expérimenter le flood comme matériau d'écriture.

Ouvrez les robinets, et comme le dit le proverbe shadok : "dans la marine, quand on ne sait pas où on va, il faut y aller, et le plus vite possible".

Shadoko

J'ai toujours trouvé que tu étais quelqu'un de très shadokite. (C'est une sorte de compliment).

Bathyscaphe !

I you Shadoko.

Et moi plus encore.

je sens qu'on va pomper, ici =p

De la pompe, oui, mais en quelles circonstances ? Voguant épisodiquement entre l'épée qui tranche le mal et le couteau qui tranche le jambon, sans doute aurais-je pu appeler ce lieu "chroniques de l'ennui ordinaire", mais c'eût été faire ombrage au grand Desproges, dieu le tripote, pour peu qu'un petit rapporteur me prenne en flagrant délire qui me condamnerait aux foudres de sa haine ordinaire, alors merci Bernard, mais rien qu'une minute, c'est pas nécessaire.

Mourir chaque soir pour renaître chaque matin le temps d'un rêve sans cesse à recommencer le long des journées sans fin que le temps assassine. L'on a beau tenter de le tuer en premier, en vain. Reste à fuir, comme une cavale effrénée droit vers l'inconnu sans cesse plus lointain. Errance vagabonde le long des plaines que la neige a recouvert de son blanc manteau immaculé où l'âme se perd en sempiternels atermoiements tel un éphémère volatile chétif papillonnant d'un edelweiss à l'autre tandis que le ciel s'illumine d'une clarté à la lueur infinie.

Je sens que je m'égare, Saint-Lazare.

Bathyscaphe => un des mots les plus cool de la langue française avec ornithorynque.

Relm a écrit:

Bathyscaphe => un des mots les plus cool de la langue française avec ornithorynque.

Oui.

Shadoko a écrit:

Je sens que je m'égare, Saint-Lazare.

Oui.



Dis donc, t'en connais du vocabulaire !

Bon, je vais inventer une histoire.

Alors y'aurait quatre persos inspirés de Furinkazan, la formule de Sun Tzu rendue célèbre par le clan Takeda, qui feraient une team de RPG même que Zan, la montagne, serait un perso spécial qui peut pas se battre mais avec plein de skills de soutien, alors ils iraient délivrer une princesse, mais en fait c'était un piège, c'est un boss qui est dans la prison, parce que la princesse s'était déjà délivrée toute seule en bottant le cul des gardes, parce que c'est pas une tafiole la meuf,
c'est comme une autre, que c'est une mercenaire qui transforme son pays natal tout pourri en une province florissante, style certain passages de Terranigma, que ça attire les convoitises des pays voisins et que ça débouche sur la guerre, même y'aurait plusieurs fins suivant la tournure des combats et de la décision finale de la meuf quant au statut de la province,
alors dans le même genre, y'aurait une autre province en marge dont le pouvoir central n'a cure et qui serait en révolte suite aux abus des seigneurs locaux ce qui mettrait la région à feu et à sang jusqu'à ce que le régime se décide à intervenir enfin,
comme le coup où c'est deux amis qui sont contraint de fuir les flammes de la guerre et de se séparer mais finiraient par se retrouver pour y participer vu qu'elle se propagent à travers tout l'empire qui serait morcelé entre les fiefs des seigneurs, avec plein de persos à récupérer, style Suikoden,
ça seraient des amis comme les trois magiciens dans une side-story de Battle of Eternia, l'ex-jeu de Shakuras, avec chacun des orientations magiques différentes,
alors que dans un autre monde, toute la magie tournerait autour de l'eau et de son cycle, émergeant du pôle nord pour couler le long de la surface jusqu'au pôle sud où elle s'engoufferait dans un puits sans fond, traverserait le centre de la planète pour boucler le tout en réémergeant au pôle nord, du sommet d'une montagne si haute qu'elle irait jusque dans l'espace,
d'ailleurs y'aurait une autre histoire qui serait un space-opera puisant ses références dans les univers de Gundam sous la forme de trois épisodes suivant le schéma narratif de Shining Force III avec deux points de vue en parallèle terminé par un troisième qui les rejoint pour amener l'histoire jusqu'au bout,
à ne pas confondre avec l'uchronie qui verrait les événements de la série Gundam d'origine modifiés jusqu'à infléchir le cours de la guerre et des événements des séries suivantes, vu qu'on jouerait les antagonistes menés par Char Aznable, mais sans son côté déstructeur impitoyable du dernier film,
le genre de côté qui ferait l'objet d'un autre scenar où un type blasé de tout se lance à la conquête du monde dans le but de l'anéantir dans toute sa vanité, mais qui se ferait finalement assassiner juste avant la victoire finale par son fidèle général, lequel se retrouverait borcardé comme traître par les profiteurs avides de récupérer les fruits de la conquête, un peu comme y'a dans Bahamut Lagoon,
ce qui n'est pas tout à fait la même échelle que le simple type se damnant suite à ses amours infructueuses afin de se venger, jusqu'à ce qu'une ange censée l'éradiquer parvienne à réouvrir son coeur dans ce qui constituerait une critique du manichéisme sur fond de happy ending,
au contraire de l'histoire du pays en guerre civile qui finirait sur une pluie de météores apocalyptique après que le général se soit suicidé sur la tombe de son aimée, qui fut assassinée lors d'un accès de frénésie du protagoniste, influencé par les énergies maléfiques distilées lors d'un complot visant à établir de nouveaux cultes, que le protagoniste devrait alors renverser en levant une armée de morts,
ce qui me fait d'ailleurs songer à une sombre enquête policière brumeuse et tortueuse autour d'un meurtre qui serait en fait l'allégorie du trouble qui m'habite tel que l'on peut se le figurer à ce stade de mon exposé, car finalement,
avec tout ça,
je m'ennuie.

Pourquoi ne pas réaliser tes idées, Shadoko ? Tu raconterais somptueusement, j'en suis persuadé.

Certes, mais que choisir ? Comment choisir ? Comment persister et en mener une à bout si sans cesse d'autres me viennent ?
J'en ai énoncé 12 ici, pas une seule ne vit le jour, et il en est bien plus encore qui subirent le même sort.
A croire que tout ceci me renvoie à ma propre solitude ; j'écris pour moi même, sous l'effet de pulsions brèves et momentanées, car nul ne m'attend nulle part.
Que faire et comment ? Tout n'est que volutes de fumée disparates que j'échoue à saisir ; seul, je n'ai que rêves que nulle réalité ne pourrait égaler, quant à m'associer à d'autres, cela fut chaque fois infructueux..

Pourtant, le désir me ronge. J'aime raconter, c'est indéniable, mon intérêt pour l'Histoire me le rappelle. J'en veux pour preuve en la matière, les documentaires d'Henri Guillemin, en tête à tête avec la caméra, qui, sans s'embarasser d'aucune fioriture ni effet, n'ont rien à envier aux contes chantés au coin du feu.

Reste savoir quoi et, surtout, à qui raconter.

Te souvient-il de nos causeries anciennes ? J'essayais de t'aider comme je pouvais, mais je crois que pour ne pas abandonner, il importe de tenir sa motivation de soi-même.
Pour quelle raison consacrer tant d'efforts à la réalisation d'une oeuvre ? La réponse à cette question doit être strictement personnelle pour qu'elle ait quelque valeur.

Si j'y devais répondre pourtant, je dirais, Shadoko, que je travaille par amour des idées et des sentiments qui me hantent, auxquels je tente vaille que vaille de donner corps à la mesure de leur beauté.

J'ai une bien triste nouvelle à vous annoncer.
Il s'agit d'un décès.

Cette nuit même, voire ce matin, entre les deux en fait, j'ai perdu un texte.
Je pensais avoir fait ctrl+s, mais en rouvrant le fichier, il m'apparut immaculé, de ce blanc couleur de deuil en Extrême-Orient.
C'est le fruit de mon âme que j'ai là perdu, naissant à peine, mais déjà bien lancé, prêt à tracer sa route, que celle-ci ne fût entravée par ce coup du sort indirectement provoqué par un chat baladeur.
C'est la consécration de tant d'espoir qui se vit partir en fumée, tant l'écriture représente pour moi, étant l'échappatoire à la monotone existence terrestre, condition de notre subsistence.
C'était une occasion en or qui fondit comme neige au soleil, alors que, pour une fois, enfin, après avoir tant désespéré d'un vide inspiratif, les mots se mettaient à jaillir et à répandre avec eux le tréfonds de mon esprit, d'ordinaire cadenassé à double tour, bien malgré moi.

Ce n'est pas possible.
Je ne peux pas y croire.
Je ne veux pas.
Je vais le faire réapparaître.

Mesdames et messieurs, quidams de toute sortes, je vais ici-même, en cette heure à cheval entre hier et demain, je vais transgresser les règles et briser les tabous en m'adonnant aux arts sombres de la nécromancie.
C'est l'unique solution, afin d'éviter que ce bout de moi, ne demandant qu'à vivre, ne se perde à jamais dans les méandres du temps.

Car du temps il s'agissait.
J'étais pris d'une espèce de transe méditative lorsque cela me vint, à l'issue d'un film, Whatever Works de Woody Allen.
Je resongeais comme le temps me semblait s'écouler alternativement en des secondes brûlantes et des heures interminables, alors que la magie du film, qui est en réalité un artifice, qui plus est commun à toute création narrative, permet de s'affranchir d'heures entières pour ne garder que les instants cruciaux, phénomène que l'on nomme "ellipse".
Comme c'est pratique ! Comme c'est opportun de pouvoir ainsi occulter à volonté d'un trait de plume, ou d'un saut de page, n'importe quel laps de temps jugé non nécessaire ! Mais comme c'est irréel...

Einstein disait, afin d'expliquer la relativité, "Un homme assit toute une heure à côté d'une jolie femme aura l'impression de n'y passer qu'une minute, alors qu'assis sur une plaque brûlante rien qu'une minute, elle lui paraîtra durer toute une heure."
Ainsi tout plaisir est bref et toute peine est longue, comme le temps semble s'arrêter lorsqu'il n'y a plus rien à faire que fixer le cadran de l'horloge, et comme le temps s'enfuit sitôt qu'on en détourne les yeux, comme pour dire "1, 2, 3, soleil".

Me voilà donc à présent doté d'un modèle relatif à la perception du temps : le modèle ondulatoire.
D'ailleurs est-ce par hasard si l'on parle en la matière entre autres de "période" et de "fréquence" ?

Ainsi l'ellipse reviendrait à comprimer cette onde afin d'en diminuer la période et d'en accroître la fréquence, afin d'installer un rythme dépassant celui de notre propre existance. Heureusement, car sinon, l'on finirait par mourir de vieillesse avant d'avoir pu finir de parcourir l'oeuvre en question, d'autant que cette dernière se serait sans doute substituée à notre existence, en ayant monopolisé notre temps...

Comme Einstein le suggérait, la fréquence, subjective, de l'onde aurait un rapport direct avec le plaisir procuré lors de ce laps de temps. Pour en avoir, il faut donc que tout aille vite.
Je me rends compte que ce n'est qu'une corollaire de mon déséquilibre épicurien, reniant maladivement toute peine et recherchant la satisfaction immédiate avec avidité.
On me dit être patient, mais c'est faux en réalité. Mes actions se font sur des coups de tête, lorsque j'écris, c'est sous le coup d'une pulsion, et lorsque je désire, c'est pour tout de suite. S'il n'y paraît rien, c'est que je me détourne de ce que je ne peux satisfaire dans l'instant, je ne l'attends plus, me libérant ainsi de ce fardeau.
Ainsi, j'entame quantité de jeux que je ne finis jamais à cause de leur rythme trop lent, généralement du fait d'une durée de vie artificiellement gonflée par le farming, les unlocks ou les quêtes annexes.
Ainsi, j'abandonne quantité de projets dès lors qu'il me faut étoffer afin de remplir les vides situés entre les lignes du synopsis...

Il est une chose que je regrette dans le passage du temps, c'est que tout ce qui somme toute n'a pas grand intérêt occupe la plupart de mes journées, et me laisse sans force lorsqu'il s'agit de me consacrer à l'essentiel.
Vagues vagabondages, rêvasseries vaines et peines de coeur, pendant ce temps perdu je néglige ceux qui importent.

Je n'ai d'autre excuse que ma faiblesse de volonté, qui me fait si regrettablement outrager l'amitié un 14 février.

Et pourtant, comme à chaque fois, il me suffit de si peu pour retrouver joie, espoir et courage, même après des heures de désarroi existenciel propres à me faire désirer déchaîner l'apocalypse au son d'un Dies Irae tonitruant...

Rien que pour ça, je dis que y'en a certains qui devraient être remboursés par la sécurité sociale.

Il suffit de peu, parfois.
Telle est ma pensée généralement lorsqu'il me vient à prendre le train pour gagner la terre de mes ancêtres, ou plus exactement, lors du trajet qui sépare mon logis du train en question, trajet fait de marche à pied, d'un bus et de deux RER. Il me faut environ une heure pour le réaliser... environ. Le genre de envrion que la moindre seconde parvient à faire basculer d'un côté ou de l'autre, pouvant alors se sanctionner par plus d'une heure d'attente du prochain départ.
Dans ces moments là, le moindre évènement, le moindre contretemps semble suspect, l'allure de mes pas, les arrêts de l'autobus, l'achat d'une boisson, l'attente devant le distributeur de billets, le fait de se laisser porter par les escalators plutôt que de les grimper, n'importe quel infime grain de sable semé dans l'engrenage implacable de l'horloge peut à lui seul rendre vain tous mes efforts.

Heureusement, aujourd'hui, j'y suis arrivé.
De justesse.

Imaginez alors, un ou deux feux rouges de plus, une ou deux minutes de retard sur la ligne, un ou deux quidams me ralentissant le long de l'escalator, un ou deux mètres de plus à parcourir dans l'enchevêtrement des couloirs de la gare...
Qu'un simple petit rien croise ma route, et je me retrouve à devoir tuer le temps, alors qu'en fait, c'est le temps qui m'a tué.

prevois 20 minute d'avance avant de prendre un train.

enfin, meme comme ca j'ai deja reussis a le rater...
RATP de mes *****

Je me fais exactement la même réflexion quand je loupe de quelques secondes mon bus

Je pars avec une heure d'avance, comme ça je suis sûr d'être à l'heure.

Et en général, dans ces cas-là, il n'y a aucun retard. C'est quand on est à la bourre qu'on est ralenti. Loi de Murphy oblige...

Wraithslayer/HD a écrit:

Je pars avec une heure d'avance, comme ça je suis sûr d'être à l'heure.

Mais ça oblige à attendre le train pendant une heure, ce qui revient au même que d'attendre le suivant pendant une heure.

Mais j'arrive quand même une heure avant toi chez moi

Et je déteste être en retard. C'est pas l'attente qui me dérange, c'est le fait de ne pas être à l'heure.

J'ai eu de la chance à Londres hier : un peu en retard, mais chaque métro arrivait pile dès mon arrivée sur le quai.


Enfin pas de chance : 5 transports à gérer, c'est un voyage bien lourd.

J'aime bien la façon dont tu as écrit ce texte.

A m'entendre penser en tout sens, je me dis parfois que j'aurais sans doute bien apprécié être un philosophe grec dans l'Athènes antique...
J'imagine le tableau : "Allez viens, Socrate, on va penser un coup sur l'Agora" et nous y jaserions devant l'éternel émerveillement des choses de ce monde que nous vaut la connaissance de notre ignorance tandis qu'aux aux béotiens, sophistes et autres barbares empêcheurs de penser en rond, nous clamerions véhémentement "THIS IS NOT SPARTAAAAAAAAA".