Recette de cuisine...lol?

Tuiles au miel

-50 grammes de miel.
-50 grammes de sucre.
-50 grammes de farine.
-50 grammes de beurre fondu.
-Mélanger.
-Étaler sur papier cuisson, à la spatule, aussi fine que possible, pas grave s'il y a des trous.
-Four 180°, 5 minutes.
-30 secondes sur le rebord de la fenêtre pour laisser refroidir.
-Le plus long et le plus compliqué, c'est la salade de fruit qui accompagne.

Folle recette

Plus de cinquante heures par semaine de labeur, c’était le prix que Leim
Letsui, cuisinier dans un hôtel au bord de mer, devait payer pour obtenir son maigre salaire. Le travail au noir n’avait pas de quoi le réjouir, et voilà
qu’on lui refilait trois apprentis cuistots sur les bras. Son bonus ? Leur
salaire. Bonne idée que d’accepter, en apprenant, après coup évidemment, que de toute manière ils n’avaient pas de salaire…
Entre l’abruti qui confondait toujours sel et sucre, la mémoire d’artichaut du second, et le ton mielleux d’aristocrate du dernier il était à bout.
Peut-être son esprit tourmenté aurait-il survécu à tout ça sans l’arrivée du patron.
Celui-ci passa la tête par la porte entrebâillée de la cuisine.
« Bonjour, Leim ! Je ne peux pas vous payer ce mois-ci ! annonça-t-il tout heureux. Allez donc faire le clown au zoo si vous voulez de l’argent ! »
Sa tête disparut aussi vite qu’elle était apparue, et le patron, comme une fleur, s’éloignait dans le couloir en sautillant gaiement.
Le cuisinier fulmina. Dans sa tête, les mots s’entrechoquaient.
« Pas payé ! Clown ! Patron ! Mielleux ! Clown ! Zoo ! Clown ! Fou ! Fou ! Clown ! »
Clown… une lueur de folie dans le regard, Leim Letsui répéta ce dernier mot plusieurs fois. Oui, il allait faire le clown. Mais pas au zoo. Ici. Ce serait surement beaucoup plus amusant !
Une expression sadique sur le visage, une idée lui vint…. Pourquoi ne pas tester de nouvelles recettes ?
D’un ton enjoué, il s’approcha de ses apprentis.
« Venez un par un dans l’arrière cuisine, nous allons essayer une recette amusante ! Que le plus curieux vienne d’abord ! »
Le jeune abruti vint le premier. Ils s’enfermèrent dans la pièce.
Le cuisinier le prit par surprise, le bâillonna et le ligota, usant de nappes et de serviettes.
Il attrapa un livre de recettes sur l’étagère, et l’ouvrit aléatoirement.
« Tuiles au miel ! lut-il. Ça te va, cher cobaye ? »
L’apprenti le regarda avec des yeux exorbités, incapable de prononcer le moindre mot.
« 50 grammes de miel. Ça on verra après… et 50 de sucre, 5 grammes de farine ! »
Le cuisinier ouvrit un placard, souleva une fausse planche à l’intérieur, découvrant un second fond. Il en retira un sac de poudre blanche.
« 100 grammes de coke, c’est pareil non ? C’est blanc ! »
Le pauvre fou répartit le contenu du sachet sur la table, et inclina la tête de son apprenti avec vigueur.
Gêné par le fait qu’il soit bâillonné, le jeune homme fut forcé d’inhaler.
La drogue se répandit en quantité dans son organisme.
Alors que son effet commençait, le cuisinier continua.
« 50 grammes de beurre fondu ! »
Il se pencha vers la tête de l’apprenti. L’overdose était en cours, l’abruti commençait à baver, et bientôt sa cervelle liquéfiée lui coula par les narines.
« C’est mignon, tu fournis les ingrédients. Mais tu as un peu forcé sur la dose très cher ! Il y en a beaucoup trop ! commenta-t-il d’un air enjoué.»
Il balança le corps inanimé dans un placard, puis appela l’apprenti
suivant.
Celui qui avait une mémoire d’artichaut se présenta.
Tandis qu’il refermait la porte, il énonça la suite de la recette.
« Etaler à la spatule, pas grave s’il y a des trous. »
De la même manière que le premier, il immobilisa sa victime.
Tandis que le cobaye se débattait en vain, Leim attrapa un énorme couteau de cuisine.
« J’ai pas de spatule là ! Mais puisque c’est pas grave s’il y a des trous… »
Armé de sa lame et de son sourire dément, il allongea de force l’apprenti sur la table, et le martela sans pitié de la pointe du couteau.
Il recouvrit d’une nappe le cadavre, et éteignit la lumière.
Puis il appela le dernier apprenti.
« Voila l’aristocrate, le meilleur pour la fin, n’est-ce pas ? Suite de la recette… mettre au four ! »
L’apprenti ouvrit la porte d’un fourneau géant, intrigué.
« Que faut-il mettre au f… ! »
Le cuisinier lui rentra dedans avec puissance, le projetant dans la gueule béante du monstre de feu. Il referma vite la porte.
« Toi ! »
Le jeune homme frappa la vitre avec force.
« Ouvrez-moi ! Je vous préviens, ça va chauffer ! menaça-t-il.»
Leim sourit.
« Tu n’imagines pas à quel point ! 180°. 5 minutes. »
Il enclencha le four.
Au comble de sa folie, il observa son apprenti se faire lentement carboniser, un faux air nostalgique imprimé sur le visage.
Il lut la fin de la recette.
« Laisser refroidir sur le balcon. »
Le cuisinier rouvrit le four. Il observa le cadavre, un amas d’ossements noirs.
« Oh ! Mais ne fais pas cette tête-là ! Pour toi, j’ai pris des gants ! »
Il éclata de rire en montrant ses mains recouvertes par des moufles de cuir.
Il traîna le cadavre désormais léger, jusqu’à la fenêtre, l’appuya sans difficulté contre le rebord, puis le balança au bas de la rue.


Au dehors, le peuple s’alarmait et s’agitait en tous sens. Tout le monde était effrayé.
La police ne tarda pas à se ramener. Elle finit par pénétrer dans l’arrière-cuisine.
Leim n’avait pas bougé d’un pouce.
Lorsqu’il les aperçut, il tenta tout de même de fuir, mais il fut violemment stoppé.
Il plut alors des châtaignes et des marrons comme en automne en forêt, puis des pêches, des poires, des prunes. Il tomba dans les pommes.
En apparence inconscient, une dernière remarque lui vint…
« Finalement, dans la
recette des tuiles au miel, le plus long et le plus compliqué, c’est la salade
de fruit qui accompagne… »

FIN